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jueves, 21 de marzo de 2013

20 Mars: Journée de la Francophonie.Message d’Abdou Diouf



Qu’adviendrait-il de la Francophonie si nous devions laisser s’effacer le trait d’union linguistique qui nous relie ? Qu’adviendrait-il de notre communauté si la Francophonie devait recourir, au mieux, à la traduction, au pire, au seul usage de l’anglais, lors de ses interventions, de ses réunions, de ses concertations, à l’instar de la pratique de la langue unique qui s’est largement répandue dans les organisations internationales et régionales ?
Nombre de nos programmes et de nos actions de coopération n’auraient plus raison d’être, et nous perdrions, surtout, ce lien originel et cette connivence naturelle qui font que l’entraide et la solidarité, entre nous, ne s’apparentent pas à de la générosité, mais à de la fraternité. Une fraternité qui a trouvé à s’exprimer, en cette année 2013, de la manière la plus éclatante qui soit, à travers la décision courageuse de l’un de nos membres – la France – de répondre, avec l’appui de plusieurs Etats francophones de la région, à la demande d’aide d’un autre de nos membres – le Mali- dans sa lutte contre le terrorisme, afin que ce pays recouvre au plus vite son intégrité territoriale et que la population retrouve la paix et la sécurité.
C’est également ce lien originel et cette connivence naturelle qui font que nous ne parlons pas seulement la même langue, mais que nous parlons aussi, par-delà nos différences, le même langage : celui des principes et des valeurs, celui de la démocratie et des droits de l’Homme, celui de la diversité culturelle et linguistique, celui de l’équité et de la justice sociale, celui de la régulation et de l’éthique en matière économique et financière.
C’est ce lien originel et cette connivence naturelle qui, en dernier ressort, nous permettent de nous entendre, dans un esprit d’écoute et de respect, sur une vision commune du monde et sur les voies qu’il reviendra, notamment aux jeunes générations, d’emprunter pour construire un « vivre-ensemble » qui réponde aux aspirations de tous. Que cette Journée internationale de la Francophonie soit donc l’occasion de célébrer la langue française, de la chanter dans la convivialité, de la parler en toute complicité, de la déclamer à pleins mots !

martes, 12 de marzo de 2013

L´albatros (Charles Baudelaire)

Charles BAUDELAIRE (1821-1867)




Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

viernes, 1 de marzo de 2013

AMOUR, un film de Michael Haneke


Trintignant et Riva, rencontre de deux légendes dans Amour

Le Figaro

Par Marie Noelle Tranchant
«On s'est dit qu'on formait un beau couple. Ce n'est pas le hasard, une distribution», explique Jean-Louis Trintignant, ici avec Emmanuelle Riva.
«On s'est dit qu'on formait un beau couple. Ce n'est pas le hasard, une distribution», explique Jean-Louis Trintignant, ici avec Emmanuelle Riva. Crédits photo : Livia CRISAFI/G19


INTERVIEW - Les deux interprètes du film de Haneke livrent leurs impressions sur un tournage poétique, intimiste et fraternel.

Dans Amour palme d'or au dernier Festival de CannesMichael Haneke réunit deux grands acteurs du cinéma français qu'on n'avait pas vus depuis longtemps à l'écran, Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant. L'héroïne avant-gardiste de Hiroshima mon amour et la vedette populaire d' Un homme et une femme se rencontrent, à 80 ans passés, pour former un couple qui vit la fin d'un long amour, affronte la maladie et la mort. Mais rien n'est moins pesant que leur duo. Que ce soit par politesse, pour conjurer la gravité du sujet ou parce qu'ils ont dépassé bien des choses, les deux comédiens octogénaires se retrouvent dans une légèreté blagueuse et poétique.
LE FIGARO. - Vous vous connaissiez bien avant Amour?
Jean-Louis TRINTIGNANT. - Petit, j'avais vu jouer Emmanuelle au cinéma, et j'avais été impressionné…
Emmanuelle RIVA(riant). - Jean-Louis tient beaucoup à faire savoir qu'il est plus jeune que moi. C'est une coquetterie bien inutile puisque c'est la réalité. Il a deux ou trois ans de moins que moi, mais on ne va pas les lui enlever, n'est-ce pas?
Étiez-vous aussi gais, sur le plateau?
J.-L. T. - L'histoire était tellement oppressante que si on n'avait pas ri…
E. R. - On avait des fous rires, sur le plateau. Haneke aussi. Je me souviens d'une prise où j'étais censée être morte. Il est arrivé en éclatant de rire: on voyait mes orteils bouger.
Comment avez-vous réagi quand il vous a proposé ce film?
J.-L. T. - J'ai été enthousiasmé, tout de suite. Curieusement, je l'avais découvert six mois auparavant en voyant­ Caché , et j'avais dit à des amis: «Je ne fais plus de cinéma depuis seize ans, mais si Haneke me demandait de tourner un film avec lui, je le ferais.»
E. R. - Moi aussi, j'ai été emballée à l'idée de représenter la personne et toute l'histoire d'Anne. Arriver à ce point de la vie, avec l'âge qui vous envahit, et se voir offrir un rôle pareil, c'est magnifique. Et très rare, pour une femme.
J.-L. T. - Pour les hommes aussi.

Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva.
Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva. Crédits photo : Denis Manin/Les Films du Losange

Et vous retrouver tous les deux?
J.-L. T. - On s'est dit qu'on formait un beau couple. Ce n'est pas le hasard, une distribution.
E. R. - En tout cas, nous allons très bien ensemble. Et c'est l'avis de tous les spectateurs. On sent la longueur de la vie commune. Et c'est beau.
Vieillir, souffrir, mourir… Le sujet ne vous a pas fait peur?
J.-L. T. - (Levant le doigt, comme à l'école) J'y avais déjà réfléchi…
E. R. - On y pensait avant. Ça n'empêche pas de craquer, parfois.
J.-L. T. - Si on vous donne un rôle de cow-boy, c'est assez lointain. Tandis que là, on se ressemble de très près. Comment ne pas se reconnaître?…
Mais le film s'appelle Amour. Le titre indique-t-il sa véritable tonalité, pour vous?
E. R. - C'est certain. Et j'aime que le mot soit isolé, absolu. Ce n'est pas «un amour», ce n'est pas «l'amour», mais «amour». Comme une personne, une véritable personne entre eux.
J.-L. T. - Le film a eu d'autres titres, mais quand on m'a demandé ce que je pensais d'Amour, j'ai dit qu'on ne pouvait pas trouver mieux.
Comment avez-vous travaillé avec Haneke?
J.-L. T. - Il donnait des indications très simples, quotidiennes. Ou pas d'indication du tout: quand je lui ai demandé ce que mon personnage faisait, à la fin, il m'a répondu: «Ce que vous voulez…» Son style me fait penser au nouveau roman: on raconte des actions, pas des états d'âme. On atteint une émotion, mais elle ne vient pas de lui, qui fait un récit froid, ni de nous, qui jouons les situations, simplement. On interprète toujours trop, dans les films. Je me souviens d'un de mes premiers films où le réalisateur voulait que je consulte ma montre de temps à autre, pour signifier que j'attendais…
E. R. - C'est typique d'une mauvaise direction d'acteur… Avec Haneke, qui n'est jamais dans l'à peu près, l'avantage c'est que quand il dit «ça va», on le croit. Et le seul fait d'avoir été choisi par lui donne une force au départ. Ce que j'ai ressenti de plus fort sur ce tournage, c'est une grande union, quelque chose de très fraternel.
J.-L. T. - Il y avait une équipe de soixante-cinq personnes, mais quand on tournait, Haneke ne voulait pas qu'on soit plus de huit. Dans cette intimité, le technicien qui pousse le travelling respire vraiment avec nous, on partage le même silence.
Ce que vous gardez d'Amour?
J.-L. T. - La chance inespérée d'une expérience poétique nouvelle. Parce que Michael Haneke est avant tout un grand poète.
E. R. - Il me fait penser à ce mot de ­Mozart: «Je cherche les notes qui s'aiment.»